Le statut se fait attendre |
Malgré les promesses faites à Louis Lecoin, le statut n’est toujours pas là. Le Comité de secours aux objecteurs de conscience lance un appel pour que Louis ne soit pas contraint de recommencer sa grève de la faim. Les réfractaires au camp de Mauzac écrivent une lettre au Président de la République (voir annexe). Des lettres que Lecoin adresse à Lanza del Vasto et aux objecteurs montrent qu’il fait tout pour l’éviter (voir annexe). En attendant, le compromis proposé par les autorités en juillet 1962 reste valable : libération immédiate de tous ceux qui acceptent une affectation dans un service non armé : santé ou intendance. Trois réfractaires acceptent cette proposition. Après leurs procès, les réfractaires sont toujours envoyés au camp de Mauzac. L’ACNV continue de soutenir tous ceux qui sont déjà engagés. Elle accueille même de nouveaux jeunes qui refusent l’armée tout court, mais sur les nouvelles bases fixées fin 1962. |
7 janvier 1963
À Paris, 2e procès de Jean Pezet, responsable des jeunesses MRP du Tarn.
L’avocat Me Jacques Thery, du Barreau de Paris, donna lecture de nombreux témoignages de soutien et de sympathie parmi lesquels ceux de MM. Robert Buron, Edouard Rieunaud et Mgr Guerry qui déclare notamment qu’il « comprend les mobiles spirituels qui lui ont fait prendre une position délicate et souhaite que le statut des objecteurs de conscience puisse être voté par le Parlement ».
Tract diffusé à Toulouse pour le procès de Jean Pezet à Paris ACTION CIVIQUE NON-VIOLENTE : SOUTIEN POUR JEAN PEZET QUI VA ETRE JUGÉ POUR LA 2e FOIS
Jean PEZET, de CASTRES, 23 ans, catholique, responsable des jeunesses MRP du Tarn, a refusé en novembre 1960, de revêtir l’uniforme. Il demandait à faire, au lieu du service militaire, un service civil de réconciliation en Algérie. Il a été jugé et condamné à 18 mois de prison, dont il a passé la plus grande partie à la prison Saint-Michel à Toulouse.
Ayant purgé sa peine, le 9 juillet dernier, il a été repris à la sortie de Saint-Michel, par une jeep militaire, et ramené à la caserne. Il a refusé à nouveau l’uniforme.
IL VA ETRE JUGE POUR LA 2e FOIS, LE 7 JANVIER 1963 A 13 HEURES AU
TRIBUNAL MILITAIRE, 20 Rue de Reuilly,PARIS 12eEn deux ans de prison, sa conviction n’a fait que s’affermir.
– COMME CHRETIEN, il pense qu’il ne peut en aucun cas se préparer délibérément à tuer, ni à faire tuer son semblable.
– COMME CITOYEN, il croit que nul conflit ne peut trouver de solution satisfaisante dans la destruction de l’homme par l’homme et qu’il faut essayer d’autres moyens que la guerre, chaude ou froide, pour régler les différents entre nations.
– IL DEMANDE à accomplir un service entièrement civil, d’utilité publique et appliqué dans toute la mesure du possible à des tâches de paix et de réconciliation (elles ne manquent pas). Ceci avant même que soit voté le statut des objecteurs de conscience, et à titre d’expérience.
Solidaires de la même attitude, dans les prisons ou les camps, d’autres jeunes « réfractaires » objecteurs témoigneront avec lui. Deux autres vont sans doute être jugés bientôt.
NOUS AUSSI, NOUS SOMMES SOLIDAIRES DE JEAN PEZET. Comme lui, nous voudrions essayer de vivre sous d’autres lois que celles de la ruse et de la force.
NOUS APPROUVONS SON ATTITUDE
NOUS VOUS DEMANDONS DE LE SOUTENIR AVEC NOUS.– Envoyez au procès vos amis parisiens. Trouvez-en au moins un pour y faire acte de présence à votre place.
– Envoyez votre témoignage de solidarité (si possible par lettre recommandée) au Président du Tribunal Militaire de Paris qui va juger Jean Pezet.
– Exprimez votre accord aux amis qui le soutiennent en union avec l’Action Civique Non-Violente (Ecrivez ou télégraphiez à Marie Faugeron 106, rue Sadi-Carnot à Vanves, Seine).
– Si vous l’avez déjà fait en juin renouvelez aujourd’hui ce geste.
Merci pour Jean PEZET et pour la cause de l’objection de conscience qui est la sienne. Merci pour vous-même.
Pour l’Action civique non-violente : Marie LAFFRANQUE (Toulouse), Mme et Mr PEZET (Castres), Pierre MORAEL (Montauban)
Nota : Attention aux retards de correspondance actuels. Ecrivez assez tôt.
Trois témoins, deux prêtres et un responsable de l’Action civique non violente sont venus expliquer la position de Jean Pezet. Le verdict a été de 18 mois d’emprisonnement et transfert à Mauzac.
|
|
janvier 1963
Nouvelles libérations
Tony Orengo est libéré ce mois-ci, ayant fait 3 ans de prison.
André Bernard est réformé et libéré après 21 mois de prison.
13 janvier 1963
Jean-Jacques Hetzel se constitue prisonnier
Jean-Jacques Hetzel se constitue prisonnier dans une gendarmerie de Montauban. Cent cinquante personnes environ l’accompagnent et font avec lui une marche silencieuse de 15 minutes. Puis 2 Montalbanais se détachent du groupe avec lui, tandis que le groupe poursuit un moment de silence avant de se disperser.
Jean-Jacques est emmené au 9e RCP de Montauban.
Le tract distribué lançait un appel de Jean-Jacques Hetzel pour l’école et la population de Sidi-Larbi au service desquelles il s’était mis pendant deux mois, en Algérie : « La Paix est notre affaire à tous. Aidez-nous à soulager leur détresse ».
|
Cet appel a été largement entendu : vêtements en grand nombre, médicaments, matériel scolaire, etc. ont été expédiés en 35 colis de 20 kg par le groupe de Montauban qui avait reçu 1.080 F.
31 janvier 1963
Encore une libération
Christian Fiquet qui, comme André Féret, avait fait un an d’armée avant de formuler son objection, se voit libérer pour la même raison : ses deux ans de prison ajoutés à son année de service militaire sont équivalents au trois ans de détention nécessaires à la « satisfaction de la justice ».
2 février 1963
Les gendarmes viennent chercher Philippe Girodet sur le chantier Notre-Dame des Sans-Abris à Lyon où il travaillait avec Jean-François Besson depuis un mois. Ce dernier demande aussi à être arrêté. Tous deux sont emmenés. Philippe est dirigé sur Montluc, tandis que Jean-François est emmené au camp de Sathonay (Ain).
5 février 1963
Les libérations se suivent ... mais l’action continue
Libération de Jean Lagrave dans les mêmes conditions et pour les mêmes raisons que Christian Fiquet.
8 février 1963
Gilbert Schmitz est libéré de Mauzac après une première peine de 18 mois. Contrairement au rite habituel on ne lui donne pas d’ordre de mission pour se présenter dans une caserne de Bordeaux. Il vient donc nous voir à Vanves et écrit à son bureau de recrutement pour avoir des éclaircissements sur sa situation. Toujours sans réponse au début mars il va travailler sur un chantier du SCI en laissant son adresse aux autorités.
Joseph Pyronnet est arrêté pour non-payement des frais de procès.
Joseph Pyronnet est arrêté à son domicile à Bollène et conduit à la prison d’Avignon pour 20 jours de contrainte par corps. Comme les policiers le prient courtoisement de les suivre, il leur demande d’abord de remarquer qu’il s’agit bien de contrainte en lui passant les menottes. Il les suit ensuite sans difficulté.
« Condamné en décembre 1961 à Carpentras à 10 mois de prison avec sursis pour incitation de militaires à la désobéissance et renvoi de livret militaire, il avait refusé de payer les frais de son procès. Dès les premières sommations, il écrivait au percepteur qu’il ne croyait pas pouvoir renier son action en acceptant de payer. Objectant d’ailleurs maintenant à la force de frappe, il poursuit cette action de solidarité avec les volontaires pour un service civil, réfractaires au service armé, et réclame avec eux le droit pour tout homme de refuser sa collaboration à la force de frappe et de faire de son argent, de son travail et de sa vie une contribution à la paix et non à la guerre. »
(Communiqué de presse)
De sa prison, Jo Pyronnet écrit au procureur :
|
16 février 1963
Jean Pezet est transféré à Mauzac.
19 février 1963
Le procès de Claude Michel à Aix-en-Provence est renvoyé au 19 mars.
Tract pour un procès renvoyé plusieurs fois Action civique non violente
SERA-T-IL CONDAMNE ? PARCE QU’IL VEUT TRAVAILLER POUR LA PAIX :
Claude MICHEL, artisan, 30 ans, catholique, a renvoyé le 19 février 1961 ses papiers militaires au Ministre des Armées. Il a voulu ainsi se montrer solidaire des jeunes qui, en conscience, ne peuvent accepter l’armée et réclament le droit d’effectuer, en remplacement, un service civil.
IL RECONNAÎT L’UTILITE DE L’ARMEE :
Nul n’a le droit de demander que soient supprimées Armée, Police ou Gendarmerie s’il n’est pas capable de faire assurer l’ordre d’une autre façon. Mais chacun (et particulièrement tout chrétien) est tenu de travailler de toutes ses forces à promouvoir entre les hommes des rapports qui aient un fondement plus noble que la violence guerrière. C’est pourquoi nous demandons que, parallèlement au service militaire, soit créé un Corps International d’Intervention formé de volontaires civils.
MAIS IL REFUSE LE CHANTAGE NUCLEAIRE :
Avec les armes atomiques un seuil a été franchi dans la progression des techniques d’extermination. Un éventuel conflit échapperait maintenant à tout contrôle, et signifierait l’anéantissement de la plus grande partie de l’humanité sans qu’il soit possible de mettre un frein aux mécanismes « automatiques » de défense. Toutes théories de « guerre juste » - si jamais elles furent valables - perdent ainsi leur raison d’être.
SEULS DES ACTES DE PAIX PEUVENT CONSTRUIRE LA PAIX Claude MICHEL a senti qu’il ne pouvait rester indifférent devant ce drame. Pour marquer sa désapprobation à la politique de violence et montrer l’urgente nécessité d’un service pacifique il a renvoyé son livret militaire. Condamné à six mois de prison avec sursis en décembre 1961 il a refusé un nouveau livret qui lui était présenté en février 1962.
IL EST JUGE POUR LA SECONDE FOIS LE 19 FEVRIER 1963 à 8h30 DEVANT TRIBUNAL DE GRANDE INSTANCE D’AIX-EN-PROVENCE
LA PAIX EST NOTRE AFFAIRE A TOUS Ce n’est pas avec une force de frappe atomique, capable de tout détruire que nous la ferons, mais par notre volonté arrêtée de la construire effectivement, par notre travail et notre participation à tout geste concret de paix.
L’ACTE DE CLAUDE MICHEL EST UN ACTE DE PAIX, SOUTENONS-LE
Assistez au procès le plus nombreux possible.
Ecrivez à vos députés, maires, conseillers généraux, etc. pour leur demander de bien vouloir appuyer le vote d’un statut de service civil pour les objecteurs de conscience.
ENVOYEZ UN TEMOIGNAGE DE SOLIDARITE
D’une part : au Président du Tribunal d’Aix en Provence
D’autre part : à l’avocat, Maître Germaine Poinsot-Chapuis, 66 bd Notre-Dame, Marseille 6e.FAITES ECRIRE AUTOUR DE VOUS, vos amis, des groupements divers, mouvements, partis, paroisses, syndicats, etc.
AIDEZ-NOUS A REALISER LOCALEMENT CE SERVICE CIVIL Pour tous renseignements concernant l’ACNV :
– à Aix-en-provence : Mme M.-L. MEGEMONT, villa Louise, rue du R.I.C.M.
– à Marseille : permanences tous les mardis : 45, rue Breteuil de 19h à 20h.
Le service civil : R. MEURET, 4, avenue Henri-Pontier, Aix-en-Provence.
Pour les Marseillais désirant se rendre à Aix pour le procès rendez-vous à la Porte d’Aix sous l’arc de triomphe le 19 février à 8 heures précises.
20 février 1963
Georges Humbert et Jean Rogier qui sont tous deux passés en procès en octobre dernier pour renvoi de leur livret militaire, comparaissent devant la Cour d’Appel de Paris. Le Procureur de la République n’ayant pas été satisfait des verdicts des précédents procès (600 F d’amende pour l’un, 6 mois de prison avec sursis pour l’autre), fait appel. le Tribunal refuse presque d’entendre les inculpés qui sont défendus par Maître Zavrian. Georges Humbert est condamné à 6 mois de prison avec sursis tandis que la peine de Jean Rogier demeure la même.
21 février 1963
C’est le procès de Claude Verrel. Devant un public jeune et un tribunal attentif, Claude expose, pendant vingt bonnes minutes les raisons profondes de son geste. « Pour moi, les commandements de Dieu n’admettent aucune restriction. Le cinquième “tu ne tueras point” ne doit pas faire exception », dit-il, et il ajoute : « A l’heure où l’armée s’oriente vers l’utilisation d’armes de destruction massive, je n’accepte pas d’être participant du plus grand crime de notre siècle contre l’humanité et désire servir mon pays avec des moyens pacifiques dans le cadre d’un service civil ». Ses témoins : trois camarades de faculté, Denis Jacquot, Claude Collot et Jean Peter, le Père Chauvat, aumônier de la Fac des Sciences de Nancy, le Père Losson et Jean Rogier. Défendu par Maître Stibbe, il est condamné à un an de prison et transféré à Mauzac.
Voir tract de soutien
1er mars 1963
Daniel Beauvais, de Colombes, ouvrier graveur de 19 ans, renvoie sa feuille d’appel sous les drapeaux et part travailler bénévolement sur un chantier de service civil.
4 mars 1963
Georges Humbert est arrêté : contrainte par corps.
Georges Humbert est arrêté pour 40 jours de contrainte par corps et conduit à la prison de Corbeil. Il a refusé de payer les 600 F d’amende auxquels il avait été condamné à son premier procès pour renvoi de livret militaire le 15 juin 1961. Il déclare que c’est par solidarité avec les jeunes volontaires pour un service civil qu’il a renvoyé son livret et qu’il ne peut revenir sur cet acte tant qu’un statut de service civil ne leur sera pas accordé.
Le groupe de Paris fait un appel financier aux sympathisants locaux pour que puisse être versé à sa femme qui a un enfant et en attend un deuxième, une somme équivalente à son salaire pendant le temps de son emprisonnement.
1.548,80 francs sont ainsi collectés, sur lesquels 800 F sont versés à la famille de Georges, et le reste gardé comme fonds de secours pour un cas analogue.
19 mars 1963
Une seconde fois le procès de Claude Michel est renvoyé à plus tard. Cette fois-ci c’est pour le 28 mai.
20 mars 1963
Georges Humbert commence en prison un jeûne de quinze jours, pour qu’apparaisse une solution au problème du statut et à celui, bien plus grave encore, de la faim dans le monde.
26 mars 1963
Jeûne à Mauzac : C. Voron, J. Pezet, M. Hladik, R. Siméon, D. Poiraud, Y. Bel et C. Verrel écrivent au Président de la République, ainsi qu’au Premier Ministre :
« ... Depuis le mois d’octobre 1962, nous sommes regroupés à Mauzac, dans l’attente du statut instituant le Service civil. De plus, ce que nous pensons être un essai de Service civil, devait être effectué sous la forme de travaux divers utiles à une commune de Dordogne, dans le cadre de la législation pénitentiaire appliquée aux détenus employés sur des chantiers extérieurs.
« Le Service Civil International, habilité à mettre en œuvre ce chantier, n’a pu encore l’ouvrir, malgré toute sa bonne volonté.
« Nous voudrions, face à ces conditions, rappeler la sincérité de notre désir de servir et de participer à la vie de la Communauté Nationale. Dans cet esprit, nous jeûnerons pendant quinze jours, du 30 mars au 14 avril. Nous interromprions ce jeûne au cas où nous irions sur le chantier entre-temps, afin de réserver nos forces pour le travail.
|
« Ce jeûne ayant lieu à la suite de l’action entreprise au cours de l’actuelle "Semaine Mondiale contre la Faim", va lui-même dans la direction de l’aide aux pays déshérités. Car le problème de la paix auquel nous avons voulu nous consacrer par notre position d’objecteur de conscience, englobe plus que le désarmement atomique et classique : il est lié à l’existence de nations riches à côté de nations démunies. M. U Thant définissait cette situation comme étant “la plus explosive” dans le monde actuel. La solution de ce problème passe par la générosité, le don de soi. Un homme sur trois, dans le monde, a faim, nous dit-on ; et nous sommes ici, condamnés à l’inaction, alors qu’il nous serait possible d’aller rejoindre les équipes qui, au Sénégal doivent constituer un Corps Français des Volontaires de la Paix.
|
« Une modification de la législation serait nécessaire, nous dit-on encore, et nous savons que beaucoup d’efforts sont faits dans ce sens. Mais la possibilité déjà offerte à certains militaires d’être affectés à la Coopération, ne peut-elle pas s’étendre aux objecteurs de conscience et leur permettre de se consacrer à ces travaux si féconds ?
« Avec notre espoir et notre confiance, nous vous exprimons, M. le Président de la République, M. le Premier Ministre, nos sentiments de profond respect. »
Ce jeûne est interrompu au bout de six jours par l’ouverture du chantier.
Voir plus d’information sur la vie au camp de Mauzac
27 mars 1963
Jean-Jacques Hetzel est réformé, après un peu plus de deux mois de détention. Il rentre dans sa famille et retrouve son métier d’instituteur. Il entreprend les démarches nécessaires pour aller accomplir son service civil comme enseignant en Kabylie, où il pense se rendre dès la rentrée prochaine.
31 mars 1963
Marche anti-nucléaire de Lyon.
27 avril 1963
Daniel Beauvais se présente à la gendarmerie
Il est accompagné de près de mille personnes dont plusieurs personnalités.Voir tract ci-dessus.
30 avril 1963
Procès de Jean-Pierre Charlet, à Lyon. 1 an de prison. [Envoyé à Mauzac.]
2 mai 1963
Claude Bresson, étudiant à Paris ayant assumé des responsabilités à la JEC et à l’UNEF, renvoie sa feuille d’appel sous les drapeaux.
8 mai 1963
Son troisième procès...
Troisième procès d’Eric Pot, à Bordeaux, toujours défendu par Me de Félice, du Barreau de Paris.
Viennent témoigner : le professeur Ellul de la Faculté de droit, et les pasteurs Vernier et Lasserre. Verdict : 9 mois de prison. Envoyé à Mauzac. Voir tract ci-dessus.
Voir aussi les procès précédents
|
20 mai 1963
A Montpellier, P. Gouget, médecin, et J.-L. Gauthier, ingénieur agronome, comparaissent ensemble pour renvoi de livrets militaires. Voir le procès de Claude Voron, le 23 mars 1962. Le Tribunal, très ouvert, presque cordial, laisse s’exprimer librement les témoins : les pasteurs Chapel et Exbrayat, le Père Cardonnel, le Professeur Kahane, Bernard de Casenove et Jean Lagrave. Et, comme nous l’avions déjà vu quelques rares fois, le procureur lui-même montre sa sympathie pour la cause défendue et ne requiert une peine que parce que la Loi l’y oblige.
Maître Lafon, dans une plaidoirie fougueuse, rend hommage au Tribunal pour son objectivité et insiste sur la nécessité de modifier la Loi. Huit jours de prison avec sursis à chacun des inculpés.
Voir en annexe plus d’information sur le groupe de Montpellier
26 mai 1963
Marche anti-nucléaire à Lyon. Voir tract ci-dessous.Voir aussi annexe.
28 mai 1963
A Aix, procès de Claude Michel pour renvoi de livret militaire. Contraste avec Montpellier : impossibilité de s’exprimer ni pour l’accusé ni pour les témoins. Le Tribunal récuse ceux-ci qu’il faisait pourtant venir de loin pour la troisième fois. Il faut toute l’insistance de Me Poinsot pour que le Président consente à entendre au moins le Père Clément, de Lyon, et Pierre Souyris. Ce dernier, avec une fermeté et une conviction que rien ne peut interrompre, donne un témoignage qui rattrape tout le reste et annonce finalement qu’il renvoie lui-même son livret en signe de solidarité. Plaidoiries de Maître Poinsot, et Gasparri du Barreau de Marseille. Le verdict est rendu le 11 juin : 8 000 F d’amende, en guise, signalent les attendus, de « contribution civile aux charges de la nation ». En dernière minute, nous apprenons que le parquet a fait appel : Jugement le 22 octobre à 14 heures à Aix. Combien y aura-t-il encore d’épisodes à cette affaire ?