Chère Dominique,
Ainsi, Claude nous a quittés.
Nous sommes tristes. Mais nous étions tristes, déjà, de le voir, dans sa chaise, entouré d’appareils. C’était pour nous un grand malaise. Mais il avait le courage et l’amitié d’atténuer notre gêne par son sourire et une sorte d’entrain. Il y avait en lui une joie de vivre, même en ces moments douloureux. Nous l’avons admiré pour sa grande sérénité. C’est lui qui nous aidait à vivre et à supporter ce passage de la souffrance.
C’est surtout à l’Étape que nous nous sommes connus. Il y avait René, Jean, Christian et Françoise ; et nous deux (les compagnes nous visitaient le dimanche). Moi, André, c’est surtout aux Baumettes que je l’ai apprécié, en cellule, chacun dans sa cohérence. J’ose le dire : harmonieusement. Quand je me réveillais, du haut de ma couchette, je le trouvais faisant le poirier. Et la journée se rythmait à l’allure régulière de la prison. C’est un bon souvenir, un très bon.
Et puis, par la suite, chacun a vécu sa vie.
Claude était venu au Porge avec quelques-uns des réfractaires. Nous avions préparé pour tous un repas végétarien quand bien même tous les autres étaient des carnivores. Et, surprise ! Claude n’était plus végétarien. Nous avions bien rigolé…
Nous le nommions − à l’Étape et aussi longtemps après − Cosinus ; sans doute pour rappeler un passé professionnel d’astronome.
Claude a toujours été aimé de tous.
Dominique, nous pouvons te dire que la gentillesse et le sourire de Claude resteront en nous. Il y a ainsi des êtres rares qui habitent le cœur et la tête de ceux qui les ont approchés. Claude était de ceux-là.
Accepte notre amitié, nous voudrions partager ta douleur.
André & Anita