Du 22 au 24 avril 2014, nous avons fait le choix de tenir notre rencontre aux Amanins, le centre agro-écologique et solidaire inspiré par Pierre Rabhi, à la Roche-sur-Grane dans la Drôme.
Mardi soir
La soirée de mardi est occupée par la projection d’un DVD constitué des rushes du tour de table de la plupart des participants à notre première rencontre en 2003. François Chouquet fait une courte présentation en insistant sur le fait que nous revoir ensemble après tant d’années ne peut être qu’émouvant. Cependant, cela sera éprouvant de revoir, dans cette vidéo, tous ceux qui nous ont quittés depuis : Marie-Claire Voron, Pierre Boisgontier, Jo Pyronnet, Claude Barthaux, Bernard Gaschard, Jacques Tinel et Jean Pezet.
Par manque de temps, on ne projette que la première partie du DVD. À noter la présence d’un employé du centre qui se dira très intéressé.
Mercredi matin
La journée commence par un rapport d’activité sous forme d’un tour de table.
Christian Fiquet indique que l’association dispose actuellement d’une trésorerie de 2700 euros. Ceux qui peuvent paient l’hébergement et les repas. L’association se charge des frais supplémentaires (salle, visite guidée et boissons).
Nous avons dernièrement approvisionné de 50 DVD « Comme un seul homme » le stock qui était à zéro, et nous prévoyons de l’approvisionner de 50 livres (il n’en reste que 8). Nous avons aussi réglé, pour 350 euros, l’organisation du voyage en Algérie auquel à participé Robert l’année dernière.
Au total, il nous restera environ 900 euros qui pourraient servir, entre autres, à programmer une réunion publique sur Paris.
Michel Hanniet propose d’offrir nos livres dans des centres culturels et des bibliothèques publiques.
Tony Orengo évoque « Juste Algérienne, comme une tissure », un livre d’ Evelyne Safir-Lavalette, résistante pied-noir et militante anticolonialiste ayant fait le « choix de l’Algérie ».Evelyne vient de mourir à Médéa à l’âge de 87 ans. Ce livre n’étant édité qu’en Algérie, nous chercherons le moyen de nous le procurer.
D’autres livres
– Est évoqué « Résister à la guerre d’Algérie par les textes de l’époque », livre paru en 2012 dans lequel sont relevées erreurs et approximations. André, Anita, Geneviève et Jean vont les signaler à Niels Anderson à sa demande.
– Est évoqué aussi le livre des 4 ACG voir rubrique. Tous les témoignages reçus n’ayant pu être retenus, il est envisagé une suite, et un blogue a été créé pour publier ces documents et tous les autres qui parviendraient : vous pouvez en prendre connaissance sur le site : http://www.4acg.org/Une-suite-a-notre-livre-Un-blog, et envoyer vos messages et témoignages éventuels à : jc.doussin@gmail.com
Proposition des 4 ACG
Proposition d’un travail commun sur le refus de la guerre comme participation aux divers événements qui couvriront l’année pour la commémoration du centenaire du déclenchement de la guerre de 1914... Sans écho ?
Tony s’est rendu à une AG des Pieds-noirs progressistes à Antibes. Il a assisté aussi à la projection, à Digne, de « Le courage de résister », film de Mohamed Damak (fait à l’occasion d’une rencontre « Réfractaires hier, refuzniks aujourd’hui » avec la participation notamment de Jean et d’Yvon). Tony n’a toutefois pas été invité à la tribune où se trouvait pourtant Alban Liechti. C’était une réunion organisée par le Parti communiste. Michel demande une copie du film : Geneviève et Robert vont essayer de l’obtenir.
André et Anita Bernard ont eu cette année une activité réduite à cause de problèmes de santé.
François parle de son activité relative aux sans-papiers.
Christian était ce mois-ci invité à « Si vis Pacem », émission de Radio libertaire.
L’insurrection algérienne
À l’occasion du 60e anniversaire de l’insurrection algérienne, nous, ainsi que Tramor, les 4ACG, « Mémoire à vif » et d’autres associations, avons reçu une invitation des Amis de Louis Lecoin pour un colloque à Saint-Amand-Montrond, le 15 novembre 2014.
Salon anticolonial
Geneviève, Jean, Yvon, et Christian ont participé à ce salon en février 2014, à Paris.
Et le statut ?
Alain Larchier se pose la question de savoir si le statut des objecteurs existe toujours de même que la conscription (en cas de conflit cela s’entend) ? Claude Verrel répond que seule la conscription est suspendue et que l’ensemble du Code militaire est maintenu, dont le droit à l’objection de conscience. Alain signale que son roman « Over Flo », qu’il met à disposition, parle indirectement de notre histoire. Voir rubrique
André parle de ses diverses chroniques sur le thème de la désobéissance/non-violence/anarchisme. Il fait état d’une réflexion symptomatique de Jean-Claude Doussin (des 4ACG) : « Je ne savais pas qu’on pouvait désobéir. »
Anita fait un point sur notre site : il semble qu’il ait eu des problèmes de piratage.
AG des 4ACG
Robert et Brigitte Siméon-Cadot, Geneviève Coudrais, Jean Lagrave, Françoise et Christian Fiquet étaient à cette assemblée qui se tenait à Sète, début avril.
Robert fait un compte rendu des voyages en Algérie réalisés avec les 4ACG et les Pieds-noirs progressistes.
Jean a continué ses contacts avec le groupe normand des 4ACG.
Mercredi après-midi
Discussions sur la désobéissance et sur Israël/Palestine. La question du service civil ne sera qu’effleurée.
La désobéissance
André fait une introduction. Il se réfère notamment au « Discours de la servitude volontaire » d’Etienne de la Boétie. Il signale qu’il fait chaque mois une chronique sur une radio locale anarchiste, (voir rubrique), chroniques qui sont ensuite publiées sur divers supports.
Chacun s’exprime ensuite apportant une idée ou une contradiction.
En vrac :
– La désobéissance est intrinsèquement liée au devoir d’obéissance.
– L’obéissance procède du « contrat social ». L’exemple du Code de la route est typique de la nature artificielle sinon arbitraire et cependant absolument nécessaire d’un code.
– L’obéissance est seulement culturelle (respect des règles).
– La désobéissance attire une sanction : doit-on accepter la sanction ?
– Droit à la désobéissance : quand l’ordre est illégal, quand l’ordre s’oppose à une valeur supérieure. Dans ce cas, il est juste de refuser la sanction, ou de s’y soustraire.
– Pas la peine d’apprendre aux gosses à désobéir ! Par contre, il importe d’enseigner le libre arbitre.
– Sanction/punition : la sanction est légitime (codifiée] alors que la punition atteint la dignité,
– Non violence = absence de violence ; non-violence = action qui n’est pas désobéissance mais peut transgresser une loi. Ainsi l’incitation au boycott est une action non-violente.
Israël/Palestine
Geneviève évoque la campagne Boycott-désinvestissement-sanction, lancée à l’initiative de 172 associations palestiniennes en 2005. Constatant l’échec de toutes résolutions et initiatives internationales, les Palestiniens invitent les citoyens du monde entier à « imposer de larges boycotts et à mettre en application des initiatives de retrait d’investissement contre Israël », sanction non-violente devant être maintenue jusqu’à ce qu’Israël respecte le droit international en mettant fin à l’occupation et à la colonisation, en reconnaissant le droit fondamental des Palestiniens, citoyens d’Israël, à une égalité totale et en respectant le droit au retour des réfugiés palestiniens. Cette campagne a un impact considérable d’ores et déjà et inquiète très sérieusement l’État d’Israël. Elle a même amené des chefs d’entreprise à faire pression sur leurs représentants politiques pour mettre rapidement fin au conflit.
La liste des sociétés susceptibles d’être boycottées est à votre disposition (demander à Geneviève). En France, cette campagne prend aussi la forme d’une désobéissance civile : une circulaire du ministère de la Justice, fondée sur une interprétation fallacieuse de la loi, enjoignant aux procureurs d’engager des poursuites pénales contre les militants y prenant part. Pour l’instant, des juges résistent (relaxes ou nullités de procédure), mais de lourdes condamnations ont déjà été prononcées (appels et pourvois en cassation en cours).
Nicole Lefeuvre parle du DVD inclus dans « État commun », livre d’Eyal Sivan qui peut présenter un intérêt quant à la compréhension du problème palestinien.
Mercredi soir
Projection de la deuxième partie de notre DVD avec, cette fois, la présence de trois jeunes, membres du personnel des Amanins. Nous constaterons encore une fois au cours des échanges que notre discours auprès des jeunes doit être adapté pour être compris.
Nous avons donné plusieurs livres et DVD en pensant qu’ils en feront bon usage.
Jeudi matin, visite du centre des Amanins
Le centre des Amanins est né de la rencontre entre un philosophe paysan (Pierre Rabhi) et un entrepreneur performant (Michel Valentin). C’est un centre qui pratique l’auto et éco-construction, l’autonomie énergétique, alimentaire et économique. Il nous est présenté par Houari qui, au terme de son exposé, nous adresse un mot personnel de remerciement pour notre action [pendant la guerre] en des termes qui suscitent une forte émotion chez un certain nombre d’entre nous.
La conception du site repose sur deux piliers : « Quelle planète pour nos enfants ? » d’où le caractère écologique du site et « Quels enfants pour notre planète ? », d’où la conception de l’école du Colibri qui met en œuvre un projet pédagogique permettant aux enfants d’apprendre à vivre ensemble (ateliers de philosophie pour exprimer leurs pensées et écouter celles des autres, à gérer leur vie en collectivité et à définir ensemble des règles de fonctionnement et d’éducation à la paix avec soi-même, avec les autres et avec son environnement social et naturel).
Le centre accueille des gens comme nous en séminaire, en colloque, mais organise aussi des stages et accueille des classes vertes et des familles en vacances.
La visite du site est pleine d’enseignements :
– le choix écologique,
– l’école du Colibri,
– le montage socio-économique (une SCI, une SCOP et une association),
– tout un petit monde (salariés, stagiaires, bénévoles, woofers, service civique) qui cohabite dans un joyeux mélange farci de contradictions plutôt bien assumées.
Par exemple :
– Houari assure des formations ou anime des séminaires expliquant comment vivre en écolo et, le soir, rentre chez lui vivre normalement, ce qui permet de rester connecté au terrain (pas de vie collective pour les acteurs du site).
– Le choix est fait de l’électricité renouvelable par l’éolienne et le solaire thermique (thermique parce que le photovoltaïque implique des infrastructures industrielles et des matériaux polluants)... mais on reste branché sur le réseau pour le cas, fréquent, de déficit énergétique.
– Le mode de gestion, en principe communautaire, s’accommode d’un système commercial très classique : la SCOP verse ses revenus (payés par les « clients » que nous sommes par exemple) à la SCI qui est propriétaire, et celle-ci reverse des subventions à l’association qui, elle-même, rémunère les employés.
– Nous, républicains convaincus (laïcs, obligatoires et gratuits comme le disait Jacques Tinel) applaudissons à leur concept d’école Colibri (un poste d’institutrice vient d’être pris en charge par l’Éducation nationale).
Conclusion
Nous avons beaucoup apprécié le site, l’accueil et plus généralement le fonctionnement des Amanins même si les conditions matérielles (accès, toilettes, repas et chambres) sont, pour certains, un peu spartiates à notre âge.
Merci à eux.
Peu de temps après cette rencontre, nous apprenons que notre livre a été édité à Alger en fac-similé, voir rubrique.
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