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Fin août - septembre 1965 - Lettre n° 6
Article mis en ligne le 1er mars 2013
dernière modification le 18 février 2018

par PS

Lettre de Brignoles - n° 6 août-septembre

(datée du 1er octobre 1965)

AOUT 1965 - suite

Jean-Marie PLOUX, objecteur réserviste, séminariste à la Mission de France, convoqué par erreur pour une période en juillet 64, est revenu passer, sur sa demande, le mois d’Août parmi nous.

LUNDI 16 AOUT 1965 :

Nous sommes de nouveau prêts à intervenir mais le temps tourne à l’orage et à la pluie, ce qui met fin à la saison des feux de forêts.

Nous reprenons partiellement le travail sur les chantiers. Mais après l’intense activité du mois dernier, nous ressentons d’autant plus son manque d’organisation. Ce contraste entre les deux périodes crée des conditions psychologiques favorables à la remise en question du travail et de notre présence ici.

VENDREDI 20 AOUT 1965 :

A la demande de l’un d’entre nous, M.BACOURT, adjoint au commandant, convoque les chefs d’équipe pour information. Il manifeste une saisie objective de notre point de vue ; nous pensons qu’un service civil des objecteurs ne peut réussir que s’il est libre de tout caractère militaire et de toute relation avec l’organisation de la défense nationale.

 Il faut un service qui réponde à un besoin objectif, or il paraît avoir surtout fonction de nous occuper.

 De plus, les conditions techniques pour la bonne marche des chantiers ne sont pas réunies. Nous exprimons qu’il nous apparaît dès lors impossible de poursuivre le travail de construction. A cette occasion, nous apprenons qu’il n’y a plus de crédit construction avant le mois d’octobre.

SAMEDI 21 AOUT 1965 :

Les "24 heures de Brignoles", course internationale de karting, ont lieu près de notre camp. Quelques-uns d’entre nous serviront de Pointeurs. La course commence à 18 heures, elle sera arrêtée le lendemain à 4 H du matin dans une pluie diluvienne.

MARDI 24 AOUT 1965 :

18 H : Monsieur Lambert, Commandant le Groupement, demande aux chefs d’équipe de rédiger un rapport pour expliquer à l’administration les motifs de l’arrêt de la construction.

MERCREDI 25 AOUT 1965 :

Note de service rappelant l’interdiction à toute personne étrangère au G.S.P. de pénétrer dans le camp sans autorisation du commandant.

9 H : première réunion pour l’élaboration du rapport, nous décidons de faire une enquête. Chaque objecteur aura à répondre à deux questions :

- que penses-tu du travail au G.S.P. ?

- que penses-tu du G.S.P. ?

SAMEDI 28 AOUT AU MERCREDI 2 SEPTEMBRE 1965 :

Opération Primevère III. Contrairement aux opérations précédentes, l’ambulance stationne au camp, prête à intervenir. Samedi soir, nous sommes appelés, par la gendarmerie : 2 jambes cassées dont une artificielle ! Il faut conduire les blessés à Marseille.

SAMEDI 28 AOUT 1965 :

Courte visite du Père Régamey au camp. Puis avec lui, 4 d’entre nous se rendent à Draguignan pour une causerie au cours d’une session des « Équipes enseignantes. »

LUNDI 30 AOUT 1965 :

Arrivée dans la matinée de deux ouvriers d’une entreprise pour monter la charpente métallurgique du garage. Officiellement leur venue n’était prévue avant plusieurs semaines.

Invités par M. LAMBERT à aider les ouvriers, quelques camarades se rendent sur le chantier. S’apercevant qu’il ne s’agit pas d’un simple coup de main, mais bien de bâtir le garage, ils se retirent. Nous faisons connaître à M. LAMBERT les raisons de ce refus.

15 H – Il nous donne ordre collectivement de nous rendre sur le chantier ou de nous retirer sous nos tentes. Ce que fait la quasi-totalité.

16 H – Les chefs d’équipe se rendrent en délégation expliquer à M.BACOURT que le travail ne peut reprendre, qu’une attitude ne peut être adoptée tant que le rapport demandé par M.LAMBERT n’a pas été rédigé. (Il avait été convenu de le rendre le lendemain). Seul, ce rapport, précisant la situation peut apporter une réponse correcte.

M.BACOURT donne alors l’ordre à chacun d’eux en présence de deux témoins de se mettre à la disposition des cadres responsables pour le travail habituel. Cela fait peu de problème pour ceux qui ne travaillent pas à la construction. Les autres refusent de répondre tant que le rapport à remettre n’est pas achevé. Par la suite tous les hommes convoqués feront des réponses similaires.

MARDI 31 AOUT 1965

Remise à l’administration en fin de matinée du rapport exposant les motifs profonds de notre arrêt de travail.

SEPTEMBRE 1965

MERCREDI 1er SEPTEMBRE 1965 :

Arrivée vers midi de M.BELTRAMELLI, Colonel de l’Etat-Major des Services Opérationnels de la Protection Civile, et responsable hiérarchique du groupement qui prend connaissance des faits et du rapport.

Que ceci soit l’occasion de préciser avec insistance que notre contestation ne vise pas les hommes mais les structures dans lesquelles ils se trouvent engagés au même titre que nous. Le débat s’est sans cesse cristallisé au niveau des relations entre responsables et objecteurs. Nous ne pouvons méconnaître qu’il y ait eu des maladresses de notre part, favorisées par les inévitables tensions psychologiques entre anciens militaires et objecteurs. Nous n’en avons pas plus à cœur aujourd’hui de lever toute équivoque à ce sujet.

SAMEDI 4 SEPTEMBRE 1965 :

Ce matin a eu lieu une revue de literie, la première depuis notre arrivée ici.

Tarif : 4 jours d’isolement pour une petite couverture perdue, 8 jours pour une grande !!!

SAMEDI 4, DIMANCHE 5 SEPTEMBRE :

Des camarades sont partis à LYON assister au congrès national de l’ACNV (Action civique Non-violente) où ils exposent la situation dans laquelle nous nous trouvons.

LUNDI 6 SEPTEMBRE 1965 :

A partir d’aujourd’hui, deux "appels" seront faits quotidiennement à 7 H et à 15 H.

Deux d’entre nous refusent de se présenter à l’appel, le considérant comme une brimade. Les autres y vont par souci de conciliation ou par refus de continuer à aménager le G.S.P. L’absence non motivée à un appel coûte 8 jours d’isolement.

VENDREDI 10 SEPTEMBRE 1965 :

Nous reprenons l’horaire d’hiver. Appels à 8 H et à 14 H.

Aujourd’hui a eu lieu l’élection du conseil intérieur, qui a pour but d’organiser la vie intérieure du camp. Chaque jour maintenant des cours ont lieu. Cours d’Hébreu, d’Allemand, de radio-électricité, d’économie, de dessin…

MERCREDI 15 SEPTEMBRE 1965 :

Deux camarades possédant le titre d’ingénieur, sont convoqués chez M.BACOURT, qui leur demande s’ils acceptent d’aller travailler aux grottes de Lascaux, étant détachés auprès du Ministère des Affaires Culturelles. M.BACOURT leur donne un quart d’heure de réflexion. Cette proposition est acceptée par les deux objecteurs.

JEUDI 16 SEPTEMBRE 1965 :

Un de nos camarades Pierre PHILIPPE, vient de partir, réformé pour raison de santé.

VENDREDI 17 SEPTEMBRE 1965 :

Une lettre de solidarité et d’encouragement a été envoyée à l’Association contre la peine de mort. Lettre qui a été signée par chacun d’entre nous.

VENDREDI 24 SEPTEMBRE 1965 :

Aujourd’hui tous les véhicules d’interventions sont sortis. Nous avons fait un circuit d’une centaine de kilomètres dans le Haut Var.

SAMEDI 25, DIMANCHE 26 SEPTEMBRE 1965 :

Organisée par nos soins, une réunion de futurs objecteurs a eu lieu dans une ferme des environs. Nous les avons mis au courant de la situation actuelle. Ce qui a donné lieu à des débats fructueux.

LUNDI 27SEPTEMBRE 1965 :

Une lettre de solidarité avec Alfredo Coradetti, objecteur suisse, qui sera emprisonné le 5 nov a été envoyée au Président de la Confédération Helvétique. Cette démarche s’inscrivait dans une action organisée par l’Internationale des Résistants à la Guerre.

MARDI 28 SEPTEMBRE 1965 :

Don du sang. Comme d’habitude, quelques-uns d’entre nous ont été à l’hôpital pour la prise de sang.

Nous vous remercions d’avance pour l’aide financière que vous voudrez bien nous accorder et qui est nécessaire pour "boucler" notre budget.
CCP : M.I.R. 21.197.71 PARIS
Nous avons reçu pour les mois d’Août et Septembre la somme de 1300 fr.
Le secrétariat manque d’une machine à écrire. Prière d’entrer en contact avec la rédaction.
Le Secrétariat Objections de Conscience ouvre sa permanence tous les jeudis de 17 H à 21 H. à l’adresse suivante :
S.O.C. 3 impasse Charetière PARIS 5°
DEPENSES depuis le 1er juin :
 mois de juin : 438, 93 fr. – mois de juillet/août : 217,10 fr. – mois de sept. 798,44. – Total : 1454,47 (budget correspondant 2000,00). Ces dépenses ont été réparties entre le secrétariat, journal, les frais de transport et les dépenses diverses.
17 objecteurs ont participé à la réalisation du numéro 5 de la "lettre" qui a été tirée à 620 exemplaires dont 595 envoyés aux amis. Il est revenu à 125,00 fr.

La situation des objecteurs va dégénérer voir rubrique Affaire Uzès

JANVIER 2018 : VIENT DE PARAITRE
Les « Lettres » et « Courriers » ronéotés que les objecteurs envoyèrent à leurs amis sont rassemblés ici.

Fin des annexes, suite


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