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LE TRAVAIL N’A PAS REPRIS SUR LE CHANTIER APRES LES INTERVENTIONS Septembre 1965
Article mis en ligne le 27 avril 2013
dernière modification le 1er mai 2013

par PS

Les feux ont donné au G.S.P., pendant un mois, un air de véritable service civil. L’Objection de conscience collective, longtemps avachie, s’est trouvé une échine. Les "têtes" de notre groupe étudient, coordonnent, conseillent ; les mécaniciens s’affairent ; les sportifs donnent toute leur mesure ; les esthètes sont comblés par les paysage et les tours que lui donne le sinistre. Chaque membre du camp trouve son compte dans la nouvelle activité et, comme les forêts varoises trouvent aussi le leur, bien plus qu’une harmonie dans la vie du G.S.P. on découvre une signification, l’utilité de la tâche apparaît nettement, faisant oublier son caractère pénible.
Notre guimbarde a enfin un moteur, du carburant à revendre et une destination qu’elle veut atteindre à tout prix. Elle rechigne moins et les pannes sont réparables.

Après de tels voyages, le retour au garage est durement ressenti. Le moteur refroidi, pas d’espoir qu’il soit relancé avant l’été prochain.
Il est clair que l’on tournera comme cela au plus trois mois durant notre temps qui en compte trente-deux. Pour certains, les premiers arrivés, il n’y aura que deux, voire un mois à plein rendement, et ce mois vient de passer.

A quel moment, à quel niveau notre service aura-t-il une utilité durable capable d’en nourrir l’intérêt ? La construction du camp – tâche qui nous prend plus de dix mois dans l’année – se fait au jour le jour, de façon désordonnée et son but nous échappe. On a toujours pensé qu’on ne pourrait la poursuivre trop longtemps, mais on attendait une situation éclairante, propice à la remise en question totale.
Aujourd’hui, par contraste avec les interventions-incendies, cette construction, de malaisée qu’elle était, est devenue insupportable ; elle n’a plus d’autre signification que celle de nous occuper, et de nous mal occuper puisque les conditions font du travail sur le chantier un vaste bricolage.

Il n’y a pas d’arrêt de travail, de débrayage ou de grève : nous cessons le bricolage en attendant un service civil.

D.B. (2ème initiale illisible)



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