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Mars 1965 - Lettre n° 1
Article mis en ligne le 1er mai 2013
dernière modification le 18 février 2018

par PS

La Lettre de Brignoles racontait dans chaque numéro, au jour le jour, le quotidien des objecteurs. Les textes de présentation ou de réflexion qui accompagnaient chaque "Lettre" sont rassemblés ici.

Lettre de Brignoles n° 1 - Mars 1965

11 MARS 1965 :

Nous avons rendez-vous à Aix avec des amis de différents mouvements (Action Civique Non-Violente, Mouvement de la Paix, Comité contre la Force de Frappe, Jeunes Libertaires). Trois camarades y sont allés. Cette réunion avait pour but d’organiser entre aix et Marseille une Marche pour la Paix. Du fait de la présence de nombreux mouvements, il a fallu choisir un thème unique.

Nous nous sommes mis d’accord sur les thèmes et slogans anti-bombe et force de frappe. L’élaboration du tract a donné lieu à une discussion passionnée. C’est donc un texte très dynamique et clair qui finalement a été adopté. Nouveauté pour ce genre de tract : au verso est inscrite une liste d’organisations travaillant pour la paix. Bien que ce soit le premier tour des municipales, la date du 21 est définitivement retenue.

12 MARS 1965 :

 PARIS – De Truchis et Sommermeyer ont vu Me STIBBE, notre avocat. Le préfet de la Protection Civile, Mr RAOUL, appelé au téléphone, leur donne rendre-vous pour le lendemain à midi. Me de FELICE ne peut malheureusement pas se joindre à nous.
L’entrevue avec Monsieur le Préfet Raoul a donné lieu à une conversation très détendue. Ses services, nous a-t-il dit, travaillent à mettre sur pied le nouveau règlement. Mr Raoul n’a pas fait allusion aux notes de service devant être publiées par la suite !

 BRIGNOLES : Au moment même où avait lieu cette entrevue à Paris, sont affichées à Brignoles plusieurs notes de service. L’une d’elles déclare le règlement provisoire du 3 décembre en vigueur, jusqu’à la parution d’un nouveau, et précise les nécessités d’une réglementation stricte des sorties (pour toute cette question se reporter au supplément page 5).

13 MARS 1965 :

Mr LANBERT, Commandant du camp, fait afficher une note portant régularisation des sorties. Dorénavant, ceux qui désirent sortir après 21 heures doivent posséder un titre de sorties (permission). Cette "perm" doit être demandée chaque jour avant 16 heures. Les heures libres étant de 17 à 21 heures tous les jours, de 13 à 21 H le samedi et de 7 à 21 H le dimanche.
Cette décision crée dans le camp un certain émoi.

14 MARS 1965 :

 BIEVRES- Cinq camarades venant de Brignoles ont assisté au Congrès du Mouvement International de la Réconciliation. Un projet de tract et de plaquette pour distribuer parmi les jeunes a été envisagé. Il donnerait tous les détails sur les services non militaires : aide technique, coopération, service civil. L’un d’entre nous a été désigné comme représentant les O C pour la rédaction de ce projet.
 BRIGNOLES – Le Père COLIN et des jeunes de Pax Christi de Marseille sont venus préparer avec nous la Route de Paix du 28 Mars. Nous avons eu auparavant des contacts et des discussions très intéressantes à Marseille. De là était née l’idée d’une Route de méditation organisée en liaison avec nous.
Le trajet choisi part de Brignoles et va à l’abbaye du Thoronet (décrite dans "Les Pierres Sauvages " de Fernand Pouillon). Le thème de méditation portera sur le chrétien et la violence.
La discussion de préparation, assez confuse au départ, semble avoir été fructueuse à la fin. Nous verrons bien le 28.

15 MARS 1965 :

 NANCY – L’un d’entre nous a été invité par Claude Verrel, Objecteur de conscience de "réserve" pour faire une causerie à l’A.G. des étudiants.

 BRIGNOLES – Première réunion générale dans une longue suite à propos du problème des sorties. Accepter ? Refuser ? Attendre ? Que faire ? (pour le déroulement de cette histoire, il est intéressant de lire le document joint à cette lettre p.5).

17 MARS 1965 : La tension monte ; des décisions sont prises (document)

18 MARS 1965 :

Ce matin nous avons passé l’examen de secouriste. Malgré une instruction d’un assez faible niveau, il semble que nous ayons tous réussi (sauf 2). Plusieurs épreuves : organisation et but en temps de paix de la Protection Civile, asphyxie, brancardage, pansement, anatomie.

Réunion du Mouvement de la Paix de Brignoles. La marche Aix-Marseille et les problèmes sont discutés. Ayant entendu dire que les objecteurs présents donnent des cours de français à des travailleurs algériens, le responsable CGT pour Brignoles leur propose d’étendre leur travail en contact avec les responsables algériens.

20 MARS 1965 :

TOULON – Six d’entre nous vont rencontrer des étudiants et des lycéens, et discuter avec eux. La soirée finit dans une pizzeria du vieux Toulon. Bons contacts.


21 MARS – Dimanche :

Marche Aix-Marseille. Huit objecteurs y sont allés. 20 kms de marche. 80 marcheurs : un succès pour ce genre de manifestation. A Marseille, un groupe d’amis les attendait, la manifestation se terminant par un rassemblement de 150 personnes. Il n’y eut pas de manifestation d’hostilité, la police ne fit que de brèves apparitions.

24 MARS 1965 :

MARSEILLE – Causerie avec des étudiants de commerce sur la non-violence et l’industrie. Il ne semble pas qu’il y ait eu une recherche commune sur un sujet aussi complexe. Souvent on préfère des recettes toutes faites alors qu’il faudrait chercher soi-même une solution.


25 MARS 1965 :

16 h. Premier feu de l’année où nous intervenons. Situé à Ollières, entre Aix et Brignoles. Le mistral souffle. Le feu ne sera maîtrisé qu’à la nuit. Nous rentrons vers 10 h du soir.

27 MARS 1965 :

5 h du matin départ, à cause des possibilités de reprises du feu. Heureusement, ce n’est pas le cas. Certains d’entre nous ont trouvé des avens et font de la spéléo. Nous rentrons à midi.

19 h. Veillée préparatoire de Pax Christi. Des textes entrecoupés de disques ont meublé la soirée. Textes à propos des premiers chrétiens, de Martin Luther King etc…

28 MARS 1965 :

La route organisée sur le modèle de marche d’étudiants (Chartres) avec des groupes de réflexion, carrefours communs, etc… Le questionnaire comprenait deux parties :

1) de quelle forme de violence pouvons-nous être responsables ou victimes ?

2) signification de la violence : ses origines, cas où la violence paraît justifiée, comment rompre le cercle de la violence ? par quels moyens ?

Cette route a groupé 80 jeunes, surtout étudiants, venant de Marseille, Aix, Toulon…

Sur le plan intellectuel et spirituel, certainement cette route a été profitable à nombre de marcheurs.

BRIGNOLES hôpital Une dizaine d’objecteurs sont venus donner leur sang.

29 MARS 1965 : 16 h 30. Feu à Montfort-sur-Argens. Vite maîtrisé, les camions reviennent à 19 h 30.

30 MARS 1965  : Feu à Bras, Besse, Bayols. Nous arrivons toujours en retard. Tous ces feux ont été vite circonscrits par les pompiers locaux.

31 MARS 1965 : Qu’y a-t-il le 31 ? Eh bien ! la préparation du 1er avril et le Poisson !

JANVIER 2018 : VIENT DE PARAITRE
Les « Lettres » et « Courriers » ronéotés que les objecteurs envoyèrent à leurs amis sont rassemblés ici.

suite.


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